Quand Abel apprend que sa mère Sylvie, la soixantaine, est sur le point de se marier avec un homme en prison, il panique. Épaulé par Clémence, sa meilleure amie, il va tout faire pour essayer de la protéger. Mais la rencontre avec Michel, son nouveau beau-père, pourrait bien offrir à Abel de nouvelles perspectives…

On critique parfois à juste raison les comédies françaises, mais en faire une généralité, c’est parfois problématique. Contrairement à ce qu’on pense, tout n’est pas à jeter. Je dirais même que parfois, il se cache des petites merveilles, comme c’est le cas pour l’innocent.
L’innocent fonctionne par sa science du rythme. On est dans la base de ce qui faisait la force de notre comédie. Chaque moment arrive à être hilarant. Garrel arrive à se réinventer pour ne jamais proposer la même chose. Soit c’est des scènes qui me poussaient à rire fort, soit c’est des moments de dialogue absolument géniaux. Dans ce registre, c’est tout le casting qui est formidable proposant un jeu tout aussi différents des uns des autres. On a la tristesse de Louis Garrel dans le ton qu’il emploie si souvent qui arrive à nous montrer autre chose quand il décide clairement de se laisser porter par son personnage, la justesse d’Anouk Grinberg, un Roschdy Zem fidèle à lui-même. Mais celle qui fait toute la saveur de ce film, c’est Noémie Merlant. L’actrice française est fantastique, hilarante. Son personnage : Clémence, est d’un naturel ou il n’y a aucun filtre. Elle est tout simplement vivante et haute en couleur. C’est clairement ce que j’ai le plus aimé du film. Je ne suis pas habitué à voir Merlant dans ce genre de rôle. Elle prouve une nouvelle fois qu’elle peut tout jouer.
Avec l’innocent, Louis Garrel s’amuse à jouer avec différents styles qu’on a pu voir dans le cinéma. Je me suis longtemps attardé sur l’aspect comédie du film, mais on peut aussi voir formes de polar, quand Abel a des doutes sur son beau-père (Roschdy Zem), en l’espionnant, tout en gardant des aspects comiques toujours aussi bien trouvés. Mais, ce que nous propose Garrel, c’est ce braquage familial. Pour le mettre en scène, il décide de parler de cet art vivant qui est le théâtre et le cinéma. Ils doivent s’inventer des personnages, rentrer dans leurs personnages et être crédible dans ce qu’ils font. Ce qui est génial, c’est de voir toute la préparation du braquage pour arriver à cet instant ou rien ne se passe comme prévu. Que ce soit le jeu pouvant nous aider à nous dire ce qu’on ressent, l’improvisation quand on est face à ce genre de situation. Ce braquage était hilarant à suivre.
J’avais une certaine image de Louis Garrel. Quelqu’un qui ne m’intéressait pas forcément. Je voyais cet homme qui n’était pas forcément passionnant dans ce qu’il faisait. Il faisait des longs-métrages dans lequel je n’avais aucun intérêt à les lancer. Quand vient l’Innocent, le premier film de Garrel que je décide de voir, il y a un truc qui m’interpelle. Encore plus quand ce dernier est diffusé à Cannes pour l’anniversaire du festival avec tout un tas de guest qui ont une histoire avec la croisière. Cela fait sens parce que c’est une comédie qui nous rassemble. C’est un magnifique témoin de l’expérience collective. Ce long-métrage est un peu ce que j’attends d’une comédie. Bien sûr, il faut qu’on rigole, bien évidemment, il faut qu’on se rappelle de certaines scènes. Mais, le plus important, c’est que le film décide de nous unir. Et ça, c’est toute la force de ce long-métrage.

L’innocent est un film de Louis Garrel, co-écrit avec Tanguy Viel. Avec Louis Garrel, Roschdy Zem, Anouk Grinberg et Noémie Merlant
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