Alors qu’il joue sur la plage, le petit Sosuke découvre une petite fille poisson rouge nommée Ponyo, piégée dans un pot de confiture. Sosuke la sauve et décide de la garder avec lui. Le petit garçon lui promet de la protéger et de s’occuper d’elle, mais le père de Ponyo, Fujimoto – un sorcier autrefois humain qui vit tout au fond de la mer – la force à revenir avec lui dans les profondeurs. Bien décidée à devenir humaine, Ponyo s’échappe pour retrouver Sosuke. Mais avant, elle répand l’élixir magique de Fujimoto dans l’océan qui va provoquer des vagues gigantesques et engloutir le village.

Dans le documentaire Ten Years with Hayao Miyazaki, réalisé par Kaku Akawara, on voit l’un des deux fondateurs de Ghibli en plein développement de Ponyo. En effet, Miyazaki réfléchit sur le démarrage de son film. Il est très préoccupé. Pour lui, commencer le film par Sosuke pouvait être un bon début, mais c’était attendu. S’il s’embête à réfléchir avec sa scène d’introduction, c’est justement pour qu’on ait un effet woaw qui nous quittera plus une fois le long-métrage lancé. Cet effet on l’a avec ce long-métrage.
Quand on commence à regarder Ponyo on est scotché. Le premier plan du film d’Hayao Miyazaki nous plonge dans la beauté sous-marine. Le cinéaste nous invite à faire de la plongée, afin de profiter d’un spectacle sous-marin. Miyazaki nous propose énormément d’espèces différentes. Ils les montrent dans leurs quotidiens. C’est si vivant, mais également si calme. Pour le cinéaste japonais, l’océan doit être en harmonie. Quand on observe le monde sous-marin dans Ponyo, il n’y a pas une once de violence, c’est très apaisant. L’envie d’être un poisson est si présente. La musique de Joe Hisaichi illustre si bien cette très belle ambiance qui serait un bon support de détente. Faire la sieste en écoutant la BO du film ne peut pas être interdit. Le compositeur devient ainsi le chef d’orchestre de l’harmonie subaquatique.

Quand Ponyo décide de quitter son monde afin de découvrir le monde des humains, il y a un changement de couleur qui s’opère. On reste sur du bleu, mais ce n’est plus le bleu foncé flamboyant. Il est plutôt verdâtre, mais qui n’est pas du tout sublime. C’est un véritable changement de décor.
Contrairement au monde sous-marin, l’harmonie est inexistence dans la mer des humains. Il n’y a pas une once d’émerveillement. Ce qui domine c’est des gros bateaux, c’est l’omniprésence de la pollution. C’est surtout de la saleté. Le cinéaste en profite même pour amener une tension. Si pour nous on ne risque pas grand-chose. Pour les poissons ou tous les habitants de l’espace marins, c’est un danger permanent. Les pièges sont si présents comme ce bocal dans lequel Ponyo est coincée.

Beaucoup parlent de Ponyo comme étant assez proche de l’histoire de La Petite Sirène. Il est vrai que faire cette comparaison n’est pas innocent. Beaucoup voient le désir de Ponyo comme étant assez proche de celui d’Ariel. De loin on peut apercevoir des idées similaires. Il est notamment question de découvrir un autre monde. Cependant, quand on regarde plus en détail, cela n’a rien à voir. Beaucoup pensent sans doute au Disney réalisé par John Musker et Ron Clements en 1989. Il est vrai que le film d’animation est plutôt mignon et contient de très belles chansons. On est dans cette période, ou Disney avait une formule qui faisait mouche. Mais, ce n’est pas l’histoire de la Petite Sirène.
Contrairement à ce qu’on pense, La Petite Sirène est loin d’être une histoire joyeuse. Effectivement, on peut trouver un point commun quand les deux héroïnes veulent découvrir un monde qui n’est pas des leurs. Il y a également cette idée de sauver un garçon. C’est à peu près tout ce qu’on peut faire dans la ressemblance des deux histoires. Dans Ponyo, les humains ne sont pas représentés avec l’idée d’avoir un pouvoir particulier, ils sont normaux. Pour la Petite Sirène, c’est un véritable enjeu narratif. Elle veut avoir ce pouvoir. Pour l’obtenir, elle doit épouser un humain. L’homme qu’elle convoite, c’est le prince qu’elle a sauvé de la noyade. Afin de le séduire, elle passe un marché avec la sorcière des mers. Elle donne sa voix, en échange d’une paire de jambes. Le conte d’Andersen a même un côté glauque, puisque contrairement au Disney, elle n’est pas enfermée dans un joli coquillage. Non, sa langue est coupée. Si jamais le prince épouse une autre femme, son cœur se brisera et elle se transformera en écume de mer. Ce sont deux histoires totalement différentes. Ponyo se rapproche plus d’un Disney. Le film de Miyazaki ne comporte pas ce moment horrible, ou la Petite Sirène souffre quand elle commence à avoir des jambes. Ponyo devient humaine naturellement.

Il y a dans ce film, toute une notion d’acceptation. Tout l’enjeu dans Ponyo est que sa famille doit accepter son choix. On peut y voir un véritable changement de genre qui s’opère. Le fait que ce ne soit pas un enjeu dans lequel il y aurait un conflit montre toute la bienveillance du cinéma de Miyazaki.
Il y a toute une mignonnerie qui caractérise ce film. Les découvertes de Ponyo nous donnent le sourire. On se revoit nous même enfant en train de boire un chocolat, comme si c’était l’une des sept merveilles du monde. Il y a également ce rapport qu’a Ponyo avec le jambon. Ce jambon qu’elle dévore alors qu’elle pourrait le savourer. Voir Ponyo, c’est retomber en enfance et se dire que c’était si bien cette innocence qu’on avait dans notre enfance.

Quand on a un minimum de cœur, on ne peut qu’aimer ce long-métrage de Miyazaki. Kiki, la petite sorcière avait une ADN très mignonne. Avec Ponyo, il va encore plus loin. La relation entre Ponyo et Sosuke en est la preuve. C’est un film qui montre que le cinéaste a retrouvé une innocence. On peut voir en Ponyo, un très beau conte pour enfants. Jamais enfantins, mais si féérique.
C’est un film qui parle si bien de découvrir un monde quand on est enfant, d’apprendre également les joies de la vie. C’est surtout une œuvre qui fera sourire les spectateurs et spectatrices qui voudront plonger dans le bonheur des profondeurs maritimes et de ses bêtes merveilleuses qui composent l’océan.

Ponyo sur la falaise ( Gake no ue no Ponyo), est un film réalisé et écrit par Hayao Miyazaki (basé sur le conte la Petite Sirène, écrit par Hans Christian Andersen)
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